Blog de Me Antoine BON, Avocat, Strasbourg. Informations et débats autour du droit du travail : réglementation, embauche, exécution, conditions de travail, santé au travail, harcèlement, salaire, temps de travail, heures supplémentaires, licenciement, prise d'acte de la rupture du contrat de travail, contrats précaires, CDD, CDI, intérim, requalification, procédure prud'hommale... 5 allée d'Helsinki 67300 SCHILTIGHEIM - 03 90 20 81 40

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé - revirement

Fil des billets

mercredi, 30 novembre 2016

La Chambre sociale allège l'obligation de reclassement de l'employeur

Cour de cassation - chambre sociale - 23 novembre 2016
Cour de cassation - chambre sociale - 23 novembre 2016

Les deux arrêts ci-dessus illustrent la nouvelle orientation de la Chambre Sociale de la Cour de cassation sous la Présidence de M. FROUIN.

Elle vise à assouplir sa jurisprudence antérieure critiquée comme faisant une application trop rigoureuse des règles de droit.

En l'espèce était en question l'étendue de l'obligation de reclassement de la société Lidl après inaptitude constatée par le médecin du travail.

Dans les 2 espèces, l'employeur ne rapportait pas la preuve qu'il avait procédé à une recherche au niveau de l'ensemble des sociétés du groupe, y compris au niveau international.

La jurisprudence antérieure de la Chambre sociale permettait aux salariés d'envisager indemnisation du seul fait que l'employeur n'avait pas procédé à cette recherche.

La Cour opère dans ces deux arrêts un revirement en approuvant les juges d'avoir tenu compte de la position prise par les salariés dans le cadre du processus de reclassement.

Dans un cas, la salariée avait refusé des postes en France en raison de l'éloignement par rapport à son domicile actuel et dans l'autre, la salariée n'avait pas répondu à des propositions de postes présentés en France.

La Cour a rendu ses décisions au visa de principe :

"qu'il appartient à l'employeur, qui peut tenir compte de la position prise par le salarié déclaré inapte, de justifier qu'il n'a pu, au besoin par la mise en oeuvre de mesures telles que mutations, transformations de poste de travail ou aménagement du temps de travail, le reclasser dans un emploi approprié à ses capacités au terme d'une recherche sérieuse, effectuée au sein de l'entreprise et des entreprises dont l'organisation, les activités ou le lieu d'exploitation permettent, en raison des relations qui existent entre elles, d'y effectuer la permutation de tout ou partie du personnel ; que l'appréciation du caractère sérieux de la recherche de reclassement relève du pouvoir souverain des juges du fond"

La Cour laisse ainsi désormais les juges du fond libre de juger si l'employeur a procédé à une recherche de reclassement sérieuse, au vu de la situation du salarié et des positions prise par celui-ci au cours du processus de reclassement.

C'est la confirmation de la tendance de la Chambre sociale à s'en remettre à l'appréciation des juges du fond en limitant au maximum les règles auxquels les juges sont tenus pour trancher.

jeudi, 5 juillet 2012

Congés payés : C'est à l'employeur de prouver que le salarié a été en mesure de les prendre...

Cour de cassation - chambre sociale -13 juin 2012

Les congés payés s'acquièrent et doivent être pris annuellement sans pouvoir en principe être reportés ou compensés par une indemnisation.

Ainsi en vertu d'une jurisprudence jusqu'à présent constante de la Cour de cassation, un salarié qui n'avait pu prendre ses congés pendant la période légale ne pouvait obtenir indemnisation que s'il pouvait apporter la preuve de la faute de l'employeur l'ayant empêché de le faire.

En pratique il était donc difficile pour le salarié d'obtenir indemnisation pour des congés payés non pris à raison d'une charge de travail trop importante car il lui fallait rapporter la preuve de cette charge de travail pendant une année...

Cet arrêt est l'occasion pour la Cour de cassation d'opérer un revirement de jurisprudence spectaculaire puisqu'elle énonce qu'il revient désormais à l'employeur d'apporter la preuve qu'il a satisfait à son obligation de permettre au salarié de prendre en nature ses congés payés.

Ainsi la Cour casse l'arrêt d'appel qui refusait indemnisation à un salarié qui avait touché une indemnité de 10% de congés payés et n'avait pas pris de congés payés. Elle ouvre dans cette situation le droit au salarié d'obtenir, en plus des dix pourcent perçus le droit à être indemnisé pour ne pas avoir pu prendre ses congés en nature, sauf pour l'employeur à rapporter la preuve qu'il a "pris les mesures" propres à lui assurer de pouvoir le faire.

La solution est sévère pour l'employeur qui doit rapporter la preuve qu'il a informé les salariés de la période de prise de congés au moins deux mois avant l'ouverture de la période, qu'il a communiqué l'ordre des départs en congé à chaque salarié un mois avant son départ et qu'il a affiché cet ordre dans les locaux. Enfin, l'employeur doit s'assurer que le salarié est bien parti en congé.

Elle est cependant logique puisqu'elle permet d'assurer l'effectivité des normes européennes visant à garantir aux salariés la possibilité d'exercer effectivement leurs droits à congés au lieu de leur en garantir simplement une compensation financière.